Les Polynésiens avant la christianisation étaient polythéistes. Leur religion comprenait une multitude de dieux reflétant la hiérarchie des hommes. À côté des dieux « supérieurs », de nombreux autres dieux incarnaient les forces naturelles, les espèces vivantes, animales et végétales, et les minéraux. Certains ancêtres (tupuna) des hautes lignées étaient déifiés et avaient droit à des cultes au même titre que les autres dieux.
Cette religion ancienne s’appuie sur plusieurs concepts dont celui du sacré mais aussi sur deux autres notions fondamentales : celle de mana que l'on pourrait traduire par le pouvoir spirituel, et celle de tapu (qui regroupe autant le caractère sacré que ce qui doit être mis à l'écart, car sacré).
Le chef est dépositaire du mana des dieux. C’est lui qui intercède auprès d'eux pour assurer la survie du groupe au travers de rituels menés par des prêtres. Dans l'ancienne société tahitienne par exemple, le premier-né d'une famille de chefs (ari'i) recevait le pouvoir sacré politique tandis que le cadet était destiné aux fonctions de prêtrise. Cette émanation de sacralité s’appliquait à toute chose, qu’elle soit vivante ou inerte comme les pierres dressées qui étaient le réceptacle de la sacralité.
Dans la cosmogonie polynésienne, l’univers était composé du monde des mortels (Te Ao) et de celui des esprits (Te Pō), d'où la nécessité d'établir un lien entre ces deux mondes pour s'attirer le soutien des dieux. Le marae est le lieu par excellence de l'interface entre ces deux mondes, entre le monde des hommes et des vivants et le monde des dieux et des ancêtres.
La communication entre ces mondes se produisait par diverse manifestation (présages, divination, rêves, possession, etc.), et par les rituels tenus sur le marae. Les prières, les offrandes et les sacrifices en sont une part très importante. Les prières rythmaient le quotidien, et sur le marae, la liturgie suivait le calendrier astronomique et lunaire.