Les vestiges archéologiques de Taputapuātea offrent un exemple éminent du marae, ou temple, espace sacré réservé aux activités cérémonielles, sociales et religieuses des sociétés polynésiennes précédant la colonisation.
Les marae se rencontrent partout en Polynésie. Ils formaient des monuments de taille imposante généralement constitués d’une plate-forme construite le plus souvent en pierres volcaniques ou en corail. Ils suscitèrent l’intérêt des observateurs européens de la fin du 18e siècle. Lieux de culte des ancêtres et des divinités, les marae étaient des espaces de rencontre entre les hommes et les puissances divines dont il importait de se ménager les faveurs. Les cérémonies religieuses qui s’y déroulaient donnaient lieu à des prières, des invocations aux ancêtres ou aux divinités ainsi qu’à des offrandes et des sacrifices. Les marae étaient aussi un lieu de dépôt des reliques des morts. Les marae étaient également le reflet de l’organisation des sociétés polynésiennes anciennes, hautement hiérarchisées. Les marae étaient de ce fait des enjeux de pouvoir politique et religieux entre les chefferies.
Ces lieux étaient généralement encombrés d’arbres exubérants déployant de grands feuillages. Ces arbres considérés comme sacrés empêchaient les rayons du soleil de darder les cours sacrées des marae, donnant une "profondeur ténébreuse" et une aura de mystère aux lieux de cultes. On trouvait un grand nombre de miro (ou bois de rose), de aito (arbre de fer), de ati ou tamanu, de pua dont le bois servait à la fabrication des tambours, ainsi que des banians, ces arbres gigantesques qui peuvent atteindre près de 20 mètres de hauteur.
Sous cet enchevêtrement de branches, au milieu des espèces végétales sacrés et symboliques, s’élevaient plusieurs structures en pierre monumentales, les marae, mais aussi de nombreuses constructions en bois de très grandes dimensions comme nous le décrit l’ethnologue et historienne Teuira Henry. Petite-fille de missionnaire anglais, elle rédigea « Tahiti aux temps anciens », un manuscrit des traditions orales recueillis par son grand-père durant son ministère aux îles de la Société et qui fut publié après sa mort en 1928 par le Bernice Pauahi Bishop Museum d’Hawaii. Aujourd’hui, seules les structures en pierres des marae sont encore visibles. Pour bâtir ces monuments, les Polynésiens ont utilisé les matériaux disponibles sur leurs îles volcaniques : des matériaux minéraux tels que le basalte et le corail. Ces matériaux n'étaient pas considérés comme inertes, mais imprégnés de puissance divine.