Paysage social

Avec la croissance de la population, la première organisation sociale découpée en huit clans Na Papa e Va'u évoquée par la tradition orale s'est progressivement développée et stratifiée pour donner naissance aux chefferies ari'i. De cette période de l’histoire mā’ohi caractérisée par des rivalités politiques et territoriales ont émergés des groupes dominants et des chefferies au pouvoir et au prestige toujours plus grands. Cette évolution a structuré la société et le territoire qui s’est organisé depuis le haut de vallée jusqu’au littoral.

Le haut de la vallée présente des sites horticoles dédiés notamment à la culture du fei (sorte de plantain des montagnes) qui constituait la base de l’alimentation de la population. On y trouvait aussi d’autres plantes plus rares de montagne destinées aux ornements et à la pharmacopée.

L’intérieur de la vallée était le lieu de vie de la majorité de la population avec leurs sites d’habitat et leurs lieux cérémoniels. Les maisonnées s’étendaient sur les pentes des flancs de la vallée entre les cours d’eau. La répartition des différentes structures archéologiques dans l’ensemble du paysage culturel de Taputapuātea comprend 83 marae très représentatifs des différents types de marae qui structuraient la vie spirituelle et l’espace social d’un territoire de chefferie mā’ohi des Îles Sous-le-Vent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Leur diversité de forme et de taille s’expliquait par leur fonction et strates sociales auxquelles ils étaient rattachés. Leur répartition géographique explique l’organisation sociale et territoriale de Taputapuātea. Les classes les plus modestes, les agriculteurs occupaient ainsi le haut de la vallée, tandis que les classes les plus élevées dans la hiérarchie (guerriers, prêtres et chefs) vivaient au bas de la vallée et sur le littoral. Le lieux où s’exerçait le pouvoir et les grands rassemblements se situaient d’ailleurs à l’endroit du terrain de football actuel. Ils assuraient les relations extérieures religieuses et politiques en menant la guerre ou édifiant des alliances politiques. La maîtrise de la navigation était nécessaire pour étendre sa capacité de réseau. La société se stratifiait et reposait sur sa capacité à mobiliser des guerriers et des navigateurs en nombre et dégager des surplus alimentaires pour nourrir chefs, guerriers et prêtres. Il fallait également disposer de ressources naturelles en quantités suffisantes pour permettre toutes les constructions navales et fournir les attributs du pouvoir. Grâce à tous leurs atouts, les chefs de Taputapuātea ont gagné un prestige immense et imposé leur influence sur la région.

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