En bord de lagon est implanté le marae Tau’aitū. Le côté faisant face au lagon est surmonté d’une plateforme rectangulaire appelé ahu qui pourrait être apparenté à une sorte d’autel. Il mesure un peu plus de 23m de long pour près de 5m de large. Il est délimité par des dalles dressées en calcaire corallien et basalte de 1,90m de hauteur en moyenne. La cour du marae de 825m2 environ est entièrement pavée. Un bloc polissoir est inséré dans le pavage à l'angle sud-ouest de la cour.
Au sud-est, cinq petites plateformes accolées, délimitées par des rangées de pierres plantées sur chant, bordent la cour. Leur fonction précise n'est pas connue, mais l'on trouve parfois ce type de petites plateformes étagées, accolées à un grand marae, pouvant matérialiser des espaces dédiés à des activités rituelles spécifiques.
Durant la restauration de 1995, des ossements humains et d’animaux ont été mis au jour sous le pavage de la cour. Une partie a été déposée à l'intérieur du ahu. Les datations effectuées sur ces ossements les situent dans une période comprise entre la fin du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle.
La pierre 'Ōfa'i Taputa'ata est posée sur le sol sableux devant la cour, à l'ombre du banian. Cette dalle basaltique comporte de nombreuses cupules, ces dépressions circulaires creusées par l’homme à la surface de la dalle, qui évoquent une utilisation rituelle. La signification du nom de cette pierre est « pierre des offrandes sacrificielles humaines ».
D'après la tradition orale, le Marae Tau'aitū aurait été un marae consacré aux rites du rāhui. Le rāhui est un interdit provisoire posé sur une ressource alimentaire. Il désigne une restriction ou une interdiction totale de consommer ou transporter telle ou telle ressource nourricière terrestre ou marine dans un but de conservation ou de reconstitution des ressources (une sorte de développement durable avant l’heure!)
La notion de rāhui, tout comme celles de mana et de tapu, est indissociable de la civilisation polynésienne préeuropéenne. C’était une notion structurante de la société, en relation très étroite avec le pouvoir politique et le sacré. En effet, le rāhui était décidé et imposé par un chef pour une période qui pouvait parfois atteindre une année entière. Le rāhui répondait alors davantage à l’émanation de l’autorité d’un chef qu’à une logique écologique. Bien entendu, le arii (c’est-à-dire le chef) n’avait aucun intérêt à épuiser une ressource mais il devait avant tout imposer son autorité divine et sacrée sur la population. Une fois le rāhui levé, parfois donc au bout d’un an d’interdit, les ressources nouvellement produites étaient distribuées en abondance.