Paysage transporté

Les anciens Polynésiens sont arrivés en pirogue avec à leur bord plantes et animaux provenant de leur terre de départ qui se situait pour la dernière vague de migration au niveau des îles Tonga et Samoa. Au sein du plus grand océan du monde, dans cette région de Polynésie orientale, où l’environnement est presque exclusivement marin, les Polynésiens considèrent la terre comme une mère nourricière. C’est par le terme fenua qu’ils la désignent. Un terme qui s’applique également au placenta. Tout comme le placenta nourrit le foetus, la terre nourrit celui qu’elle porte mais pour cela il faut l’ensemencer comme la mère est fécondée. L’implantation de nouvelles graines représente plus qu’un simple acte de culture, il participe d’un principe cohérent pour ces populations qui, par ce geste, féconde la terre et donne naissance à un nouveau fenua.

Plusieurs études réalisées aux Îles de la Société notamment démontrent que l'installation des Polynésiens dans les îles de Polynésie orientale, a rapidement entrainé une transformation des paysages. Dans les zones où les terres sont les meilleures, les forêts dites primaires (c’est-à-dire originelles) ont été défrichées pour permettre la culture de nombreuses espèces utiles dites « traditionnelles » importées en pirogues. Parmi ces plantes vivrières, textiles ou encore médicinales introduites par l’homme on trouve le cocotier, le mape (châtaignier tahitien), le uru (arbre à pain), l’igname, originaires d’Indo-Malaisie, mais également la canne à sucre, les bananiers, le pommiercythère… Le paysage garde aujourd’hui la trace tangible de ces aménagements.

Ces paysages transformés sont également le reflet des changements sociaux survenus depuis l’arrivée des premiers occupants.

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