Vallées et organisation humaine

Les spécificités environnementales des îles ont conduit les Ènata (“homme” en langue marquisienne) à s’établir de façon prépondérante au sein des vallées. À la différence de la plupart des îles hautes rencontrées en Polynésie orientale, TE HENUA ÈNATA - les îles Marquises sont dépourvues de barrières récifales et de larges bandes côtières hospitalières. L’espace est cloisonné en de multiples vallées encaissées, séparées les unes des autres par des arêtes et pics vertigineux, ceinturées par de hautes crêtes, et s’ouvrant directement sur la mer par des plages de sable ou de gros galets.

La topographie des îles, l’accès à l’eau et au rivage sont les trois facteurs qui ont compté dans le choix de l’implantation humaine. Les crêtes pouvant marquer des frontières nettes entre territoires et chefferies. Les nombreux témoignages véhiculés à la fois par la tradition orale et les preuves archéologiques nous attestent de l’organisation humaine qui était mise en place.

Ces preuves archéologiques matérialisées par de nombreux vestiges en pierre sont particulièrement dense au sein des vallées. Ils représentent les anciens centres de vie des chefferies ènata.

Au sein des vallées, les différentes structures d’habitats et espaces de la vie s’organisent le long des cours d’eau, depuis le bord de mer jusqu’en fond de vallée. Trois groupements principaux d’habitats étaient distingués:

- le littoral était plutôt réservé à la pêche et considéré comme dangereux en raison des risques de tsunami et des incursions fréquentes des chefferies ennemies;

- la moyenne vallée rassemblait la majorité de la communauté humaine et les espaces de cultures. Elle concentrait les plateformes d’habitat domestique (paepae), les complexes cérémoniels (tohua et me'ae) entourés d’arbres et de plantes utiles et sacrées, des fosses-silos (ua ma) qui formaient des réserves alimentaires indispensables en cas de pénuries, des terrasses agricoles aménagées et organisées par un système d’irrigation.

- le fond de vallée était un espace tapu (interdit ou réservé à certaines personnes), parfois marqué par des lieux cérémoniels à l’accès limité. Les limites de la vallée, matérialisées par les crêtes, étaient des espaces stratégiques d’observation, de défense et de déplacement des populations entre les vallées.

À l’extérieur de la vallée, le territoire s’étendait sur d’autres espaces, moins favorables à une vie sédentaire. Ils étaient visités occasionnellement car riches en ressources utiles et rares.

Ce modèle a été répliqué et adapté dans l’ensemble des vallées des îles de l’archipel au fur-et-à-mesure de la croissance de la population. Il est caractéristique de l’organisation territoriale des chefferies ènata et ne se retrouve nulle part ailleurs.

Taputapuātea
Te Henua Ènata - les îles marquises
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