L’art marquisien

Ce patrimoine culturel se manifeste également par une forte richesse artistique fièrement préservée au fil des ans ! Cet art se retrouve encore aujourd’hui dans la pierre à travers la sculpture (tiki), la gravure (pétroglyphes) ou encore grâce aux dalles

L’histoire des Marquises se retranscrit à travers cet héritage artistique.

-La sculpture : une expression artistique bien spécifique ! Sur ces îles volcaniques, l’on trouvait en abondance une roche basaltique bien souvent utilisée dans la sculpture. Ce mode d'expression était le reflet des systèmes de pensée ‘Enata. Ils considéraient la roche comme un élément vivant, qui « grandit » au fil du temps et renferme le mana (puissance invisible). Elle devient alors un support privilégié pour être sculptée ou gravée. Tous les autres matériaux sur lesquels étaient pratiqués des gestes artistiques tels que le bois, les coquillages, la nacre, les ossements, etc. se retrouvent en grande partie dans des musées et collections étrangères.

-Les tiki : Le corps humain était le motif central de l’art des Marquises. Pour les ‘Enata, le terme générique de tiki désigne aussi bien le motif stylistique omniprésent dans leur quotidien et incorporé sur les objets usuels, la peau (tatouage), les pétroglyphes que sur les statues anthropomorphes** elles-mêmes. Tiki symbolise généralement un ancêtre divinisé (un chef, un guerrier, un prêtre), mais selon les cas il peut figurer un héros dont les exploits sont narrés dans les traditions orales, ou la manifestation terrestre d’un dieu. Les Hommes auraient sculpté la première statue Tiki pour garder le souvenir de leur créateur. Le tiki est devenu un véritable emblème dans toute la Polynésie et occupe encore aujourd’hui une place importante dans la culture locale. Les tiki sont variés tant par leur taille que par leur positionnement dans l’architecture (posés ou bien enchâssés au bâti). La massivité des pierres utilisées évoque celle des corps trapus figurés. Ils sont sculptés dans un seul bloc de pierre, fréquemment composé de trois tiers quasi égaux (tête, tronc, jambes). Les tiki étaient érigés sur les lieux sacrés (me’ae) ou à côté de l’aire cérémonielle publique (tohua) et ils pouvaient atteindre des tailles monumentales (ex : Takai’i sur le me’ae Iipona).

-Les pétroglyphes***: les Marquises recensent la plus grande quantité de pétroglyphes et une diversité plus riche de motifs rencontrés en Polynésie française. Ils utilisaient cette forme d’expression pour figer dans la pierre leur rapport au monde. Qu’il s’agisse des formes animales reconnaissables ou bien des formes en spirales ou géométriques, le registre recensé est très varié et partage un lien avec l’art du patutiki, le tatouage. En effet, certains motifs se retrouvent sur les deux supports. La plupart des pierres se présentent sous leur forme naturelle et se trouvent éparpillées autour des sites d’habitation, des complexes rituels, d’anciennes pistes, au bord des rivières et sur les crêtes. Ils pourraient agir comme des catalyseurs, possibles garants de la protection des divinités.

*Tuf volcanique: roche tendre résultant de l'accumulation de débris volcaniques (blocs et cendres) qui se sont consolidés sous l'action des eaux d'infiltration.

**Anthropomorphes: Qui a la forme, l'apparence d'un être humain.

***Pétroglyphes: gravure sur roche naturelle

 

Les pétroglyphes

Les îles Marquises recensent la quantité de pétroglyphes la plus importante ainsi que la diversité la plus riche de motifs rencontrés en Polynésie française. Ces motifs sont majoritairement des formes géométriques abstraites, anthropomorphes et zoomorphes. Il existe de nombreux panneaux de pétroglyphes au moyen desquels les Ènata ont figé dans la pierre leur rapport au monde. Qu’il s’agisse des formes animales reconnaissables ou bien des formes en spirales ou géométriques, le registre recensé est très varié et partage un lien avec l’art du patutiki, le tatouage. En effet, certains motifs se retrouvent sur les deux supports. Or, au moyen des travaux et relevés réalisés en 1897 par Karl von den Steinen, certaines formes tatouées ont livré leurs clés de compréhension, permettant de comprendre les motifs de pétroglyphes associés, comme celui du mata kōmoe (motifs circulaires concentriques agencés de façon à signifier des yeux ou un visage) et du etua (figure anthropomorphe représentant les divinités, les ancêtres).

La plupart des pierres se présentent sous leur forme naturelle et se trouvent éparpillées autour des sites d’habitation, des complexes rituels, d’anciennes pistes, au bord des rivières et sur les crêtes. Ils se retrouvent positionnés sur des éléments remarquables du relief, des rochers particuliers pour leur situation au sein des vallées ou leur lien en rapport avec l’eau des rivières. Ils pourraient agir comme des catalyseurs, possibles garants de la protection des divinités. Compte tenu de l’importance cosmologique de la pierre, apposer sur une roche des pétroglyphes est un processus hautement symbolique, revenant à renforcer le mana d’un lieu.

Les pétroglyphes se retrouvent également sur des blocs intégrés à l’architecture. Un tohua ou paepae et bien évidemment un me'ae, peuvent posséder des pétroglyphes sur les pierres de soubassement. Généralement, il s’agit de figures anthropomorphes et des motifs de mata kōmo’e.

Taputapuātea
Te Henua Ènata - les îles marquises
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