Isolement

L’archipel des Marquises se caractérise par son isolement géographique non seulement au sein de la zone Pacifique, mais aussi au cœur du triangle polynésien ainsi qu’au sein même des îles.

Isolement des continents :
« L’archipel du bout du monde », c’est ainsi que sont souvent désignées les îles Marquises.  Effectivement, elles sont, au plus près d’un continent (exemple : à 4700 km de la péninsule de Basse-Californie, à 6300 km du Pérou, à 7200 km de l’Australie et à 8800 km de l’Asie). Cet éloignement des très grandes terres a contribué à une colonisation du vivant tout à la fois limitée et tardive. La première colonisation humaine des Marquises est aujourd’hui estimée aux alentours l’an mil après J.-C., par des Polynésiens venus de la région Tonga - Sāmoa, ce qui situe l’archipel dans les dernières terres d’Océanie colonisées par l’Homme.


Isolement des autres archipels polynésiens :
Les îles Marquises sont également isolées au sein de la Polynésie. Au sud-ouest de Fatu Hiva, à une distance de 470 km se trouve le petit atoll de Puka Puka. Cet atoll est situé au nord-est des Tuamotu. À l’ouest, à 1000 km, se trouve l’atoll Kiritimati, le plus oriental de la république des Kiribati. Au nord et à l’est des Marquises, se trouve Hawai‘i à 3 400 km dans l’hémisphère nord, les îles Galapagos à 5300 km à l’est, et à 3500 km au sud-est, Rapa Nui.


Isolement au sein de l’archipel :
Les îles qui composent l’archipel marquisien sont réparties géographiquement, linguistiquement et culturellement en deux groupes : le groupe Nord et le groupe Sud, comprenant chacun trois des six îles habitées de l’archipel. Hormis Hiva Oa et Tahuata (distantes de moins de quatre kilomètres), les îles sont séparées entre elles au minimum d’une quarantaine de kilomètres. La diversité linguistique au sein de l’archipel est le résultat de plusieurs vagues migratoires. Il témoigne d’un isolement à une certaine époque entre le Nord et le Sud. En effet, il existe deux dialectes différents au sein du même archipel.


Isolement au sein de l’île :
La structure générale des îles est formée par une partie centrale constituée de hautes montagnes qui se prolonge sur sa périphérie par des crêtes étroites. Celles-ci fragmentent les îles en une multitude de vallées étroites et encaissées. Le caractère abrupt et vertical du relief rend les pentes et les chaînes de montagnes disséquées très difficiles d’accès, voire impossibles à franchir, cloisonnant les vallées. D’autre part, la topographie des îles associée à la diversité des climats isolent certaines espèces végétales uniques au sein d’une seule île voire au sein d’un seul sommet ou d’une crête unique.


Un isolement géographique mais pas nécessairement culturel :
En raison de leur isolement géographique, les sociétés ‘Enata, ont eu au cours de leur histoire des périodes de profond isolement pendant lesquelles la circulation des biens était limitée. Cependant, des relations sont attestées avec les archipels les plus proches, notamment celui des Tuamotu et des Gambier et même au-delà. Comme en témoignent par exemple les lames d’herminette provenant de Eiao, surnommée l’« île carrière » située au nord des Marquises. Cette île est devenue célèbre pour ses basaltes à grains fins et ses nombreux ateliers de façonnage d’outils en pierre, retrouvés à Makatea (Tuamotu), Mo‘orea (archipel de la Société), Mangareva (Gambier), ou bien encore Rarotonga (îles Cook). La tradition orale atteste également du fonctionnement culturel entre chefferies situé sur des îles différentes.

Taputapuātea
Te Henua Ènata - les îles marquises
2020 © Direction de la Culture et du Patrimoine