Le mana correspond à une force, une puissance spirituelle attribuée au hakā’iki (chef) qu’il met au bénéfice de toute la chefferie. Le mana fait référence à l’efficacité spirituelle divine qui est censée circuler à travers les divinités, les ancêtres, les individus, les rites et les objets. Les hakā’iki ou officiants des rites (tuhuna, tau’a) ne sont que des transmetteurs d’un mana qui peut s'avérer dangereux pour un non initié.
La bonne circulation du mana était nécessaire à la bonne organisation des moyens de production. Responsable du bien-être de sa chefferie et principal détenteur du mana, le chef devait assurer la redistribution des ressources alimentaires lors des périodes de famines ou lors des festins communautaires. Ces capacités renforçaient sa position centrale ou, en cas d'échec, ruinait sa réputation.
Tapu signifie « dangereux donc restreint, interdit, mis à part ou à éviter ». Le tapu désigne aussi l’état d’une personne, d’une chose, d’un lieu où le mana est présent par des rites appropriés. Des personnes, des lieux, des aliments peuvent être tapu. Se tenir trop près d’objets imprégnés de mana peut être dangereux. Et enfreindre un tapu pouvait conduire à de sévères punitions, y compris la mort. Ainsi, la vie de tous les jours dépendait d’un raisonnement entre tapu (sacré) et me’ie (profane). C’est à dire de ce qui est interdit et à éviter (lieux, personnages, denrées alimentaires, etc.) et ce qui est libre de tapu : non restreint et donc d’usage commun.
Le tapu est le principe constitutif qui donne sens à tout chose et par lequel les Ènata divisaient leur classe sociale.